Moyenvic Grain de sel

Accueil du site > Portrait > Une mémoire moyenvicoise

Une mémoire moyenvicoise

dimanche 6 janvier 2008


Ils fêteront leur 60 ans de mariage cette année, participant à toutes les manifestations organisées dans la commune, leurs silhouettes sont familières à tous les Moyenvicois. Georges et Renée Munsch se régalent lorsqu’on leur demande de raconter leur belle histoire, liée depuis le tout début à notre village.

JPG - 118.8 ko

Renée est née en 1924 à Moyenvic, Georges plus jeune d’un an, natif du village voisin de Salonnes, y est arrivé à l’âge de 8 ans.

Ils ont tous les deux usés les bancs de l’école communale, sous l’autorité très marquée de Monsieur Lang, pour Georges, et des religieuses pour Renée. Georges obtiendra son certificat d’étude en 1937.

JPG - 115 ko
La classe de l’école des garçons de Moyenvic en 1937. Georges est le quatrième en haut en partant de la gauche

Leur jeunesse, banale pour les enfants nés à cette époque dans les campagnes, fut rythmée par les travaux agricoles et les jeux avec les copains. Certains parfois très pittoresques. voir Vidéos de janvier

Renée aidait sa mère dans les soins à apporter aux quelques animaux qu’ils possédaient (vaches, cochons, canards, oies, lapins..) mais également dans les champs de tabac ou les houblonnières. Quant à Georges, c’est dans les exploitations agricoles qu’il occupait son temps libre.

Cette vie simple et joyeuse allait être brutalement interrompue par la folie nazie.

En juin 1940, les Allemands entrent dans Moyenvic. Pendant cinq mois, une cohabitation très particulière se met en place. Pour les adolescents que sont Renée et Georges, l’insouciance d’avant guerre a laissé place à une vie moins légère et plus surveillée.

Georges, alors âgé de quinze ans, s’occupera même des fermes Mathis et Ronfort, après le départ de leur propriétaire, dirigeant seul un attelage de 6 chevaux pour labourer les parcelles.

De temps en temps, il ramasse avec ses camarades quelques armes abandonnées, perdues par les soldats. Cela a d’ailleurs failli lui coûter très cher. Dénoncé par un habitant de Moyenvic, il fut, en octobre 1940, arrêté par les Allemands et sommé de donner un revolver trouvé quelques jours auparavant. Interrogé à la Kommandantur (bâtiment des salines) il prétendit avoir jeté l’arme dans la Seille. Les Allemands l’obligèrent à plonger. Il simula alors la noyade et fut libéré quelques instants après. Quant à l’arme, elle était bien cachée dans les débords de toit de la maison des Ronfort. L’évènement avait ému tout le village et on avait même craint pour sa vie.

Renée, avec deux de ses amies, s’habillait souvent de bleu, de blanc et de rouge pour provoquer, a leur manière l’occupant. Petit acte de résistance passive.

En novembre 1940, les Moyenvicois seront expulsés dans le Midi, dans la région du Lauragais. Renée se retrouve dans le village de Gardouche et Georges à Cessalle.

JPG - 225.4 ko
Médaille des combattants de moins de vingt ans

Tour à tour bûcheron, maçon, mécanicien, Georges, entrera dans le cadre du STO (Service du Travail Obligatoire) au Chemin de fer à Toulouse. Pour quelques semaines seulement car il décide alors de rejoindre le Maquis. Il s’engage dans le Corps franc Pommiès (Organisation de résistance de l’armée, unité des FFI). Le 6 juin 1944, le Commandement Français de Londres donne l’ordre de passer à l’insurrection générale ; les quelques 3 000 combattants du Corps Franc Pommiès lancent la guérilla contre l’armée allemande ; l’insurrection générale est lancée sous l’autorité du Colonel RAVANEL, responsable du Sud-Ouest. Au cours des combats Georges sera blessé, à la jambe, lors d’une bataille dans les Vosges, au Thillot. Le 21 avril 1945, au sein du Corps Franc Pommiès, devenu 49 Régiment d’Infanterie, il prendra Stuttgart, objectif final de la mission.

JPG - 24.8 ko
Le Corps Franc Pommiès défile en juillet 45 à Paris

Démobilisé en 1945, il rentre à Moyenvic en mars de l’année suivante. En juillet 1946, il se verra proposé un poste à la SNCF à Toulouse. Commence alors une belle carrière de cheminot. Contrôleur de sortie des machines, mécanicien d’entretien, responsable technique de train, sa polyvalence et ses qualités seront reconnues par tous ses chefs de service. Il obtiendra rapidement sa mutation en Lorraine pour se rapprocher de sa femme, épousée en octobre 1948 à Moyenvic.

Blainville, Frescaty, Montigny et Nancy verront passer Georges Munsch. Il parcourra dans la dernière partie de sa carrière la France entière en tant que responsable technique de train quittant régulièrement le domicile pour plusieurs jours au grand dam de son épouse.

Le 1er mars 1981, après plus de 39 ans de bons et loyaux services, il prendra sa retraite pour le plus grand plaisir de Renée.

Il s’engagera ensuite dans la gestion de la commune en devenant conseiller municipal, puis adjoint pour devenir, en 1989, Maire du village.

JPG - 32.2 ko
Quelques pas de danse lors du repas des Moules frites en avril 2007

Depuis la fin du mandat de Georges, en 1995, le couple Munsch est toujours très occupé par les travaux de jardinage, le bricolage, les causeries entre amis. Et même si la démarche est moins assurée qu’autrefois, on les voit régulièrement dans le village, assistant aux conférences, aux repas, aux fêtes organisés par les associations locales. Leur joie de vivre, leur bonne humeur sont de jolies bouffées d’optimisme pour qui a la chance de les côtoyer.

Répondre à cet article

1 Message

  • Une mémoire moyenvicoise

    21 février 2008 05:46, par Carfax

    Une vie bien remplie pour ces deux personnes. S’il n’y avait pas eu cette guerre, il est probable que leurs vies auraient été différentes. Il est souvent étrange le destin des hommes.

    J’aime bien ce genre d’anecdotes sur la vie des gens. Merci.

    Voir en ligne : Votre voisin

    Répondre à ce message


Suivre la vie du site RSS 2.0 | Plan du site | Espace privé | SPIP |