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L’ermitage Saint-Jean, par Vincent Hadot

dimanche 13 janvier 2008

Vincent Hadot, dans le cadre de ses études, a travaillé sur l’histoire de la côte Saint-Jean et plus précisément sur l’ancien ermitage. Il a proposé à Grain de sel de publier un article sur le sujet.

C’est avec plaisir que nous publions donc ce texte, d’un jeune spécialiste de l’Histoire locale, voisin marsalais, qui nous permet d’avancer un peu plus dans la connaissance de notre riche passé.


L’ermitage Saint-Jean

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Les cartes de Cassini et de Jaillot montrent sur la côte Saint-Jean un ermitage du même nom. Ce dernier se trouvait au sommet de la côte à côté d’une chapelle qui succéda sans doute à l’église du bourg de Saint-Jean-lès-Marsal, pour laquelle il y avait encore une institution en 1587. Le Haut-de-Saint-Jean est occupé depuis longtemps, puisque c’est là-haut que les Huns dressèrent le fameux camp dans lequel ils ont tranché la tête de Livier en 451.

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On pouvait même trouver, murée au-dessus de la porte de la chapelle Saint-Jean, une statue gallo-romaine représentant un homme assis. Au XVIIème siècle, la chapelle, dont l’emplacement fait aujourd’hui partie de Moyenvic, dépendait de Marsal. Ainsi, les registres du village prouvent que des ermites habitaient déjà le lieu en 1650. En 1692, pendant les fêtes de la Saint-Jean, un visiteur canonique y trouve la chapelle et l’ermitage en bon état. Cependant, aux débuts du XVIIIè siècle, on dénonce certains abus qui s’y produiraient lors de ces fameuses fêtes ! Les cabaretiers vendaient alors du vin sous des tentes et les violons de Marsal invitaient la population au bal…

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En 1722, l’ermitage est interdit, et ce n’est pas la première fois que c’est le cas. Néanmoins, en 1760, l’ermitage et reconstruit, et l’évêque de Metz bénît la chapelle dès 1762. Le droit de nomination appartenait au prévôt de Marsal aidé des échevins et des gens de justice de la ville. La fontaine voisine prodiguait une eau claire dont on disait alors qu’elle pouvait guérir de la fièvre.

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Un inventaire fait en 1777 suite au décès d’un ermite, frère Antoine Demange, donne la description des lieux : chapelle, ermitage, et en dehors un four, une cave, un rucher en planches de sapin, couvert de tuiles, contenant cinq ruches. L’ermitage comprend une cuisine avec les ustensiles nécessaires et deux chambres en haut regardant vers le sud, chacune avec un lit, composé d’une paillasse et d’une couverture, une petite armoire de sapin, et des planches par-dessus pour y mettre des livres, un sac, une clochette et trois robes. Un deuxième ermite, qui s’installera à l’ermitage an 1784, devra apporter son couchage, veiller à l’entretien des lieux ; pour rétribution on lui réservera les offrandes faites par les pèlerins. Ermitage et chapelle furent vendus à la Révolution.

N’en restait en 1842 qu’une ancienne voûte (toujours visible aujourd’hui) dans laquelle étaient déposées de vieilles statues de saint Jean, saint Eloi et saint Nicolas.

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Le bâtiment sert alors de vendangeoir. Cependant, on pouvait encore trouver le bénitier près de la porte de l’ancienne chapelle avec l’inscription : M. J. Anno Domini 1760 D. M.

Aujourd’hui ne reste donc de l’ermitage plus rien à part le souvenir. Deux stèles y ont pourtant été retrouvées par le propriétaire, dont voici les photographies :

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Voici désormais respectivement ce que l’on peut y lire :

Pour la première :

« CI REPOSE LE 18 JUIL[…] PAR M. ANNE ( ?) ETIENNE ( ?) M. ARNET CHEF DE POLICE COLATEUR DE LA CHAPELLE […]TINNE GREF FIER DE LA VILLE DE MARSAL 1760 LARME[…] »

Pour la deuxième :

« […]EORGE FRAN COIS BARCHE[…] H.M. […]PIRRIEUR DE LA CHAPEL 1760 FRERE HERMITE ANTOINE GROS »

Ainsi peut-on déduire que M. Arnet cité sur la première stèle était de ceux qui pouvaient nommer les ermites, puisqu’il était colateur (en droit de présenter un candidat à un bénéfice vacant) de la chapelle. Quant à la seconde stèle, elle nomme François Georges Barcher, un ermite de la chapelle, décédé le 2 janvier 1765, à l’âge de 70 ans environ, et enterré au cimetière de Marsal. Pour ce qui est du frère ermite Antoine Gros, il pourrait s’agir en réalité d’Antoine Demange, dont on a parlé concernant l’inventaire des biens de l’ermitage.

Aussi peut-on désormais se faire une bonne idée de ce qu’était l’ermitage Saint-Jean alors qu’il était encore en fonction. Cependant, il ne faudrait pas s’étonner si l’on retrouvait encore des témoignages sur ce lieu, puisque tout est encore à découvrir à son propos mais aussi à propos du village de Saint-Jean, dont on ne connaît toujours que le nom…

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Vincent écrit d’autres articles qu’il publie sur son blog : Paganus salinensis

A voir aussi l’article sur Grain de sel Vincent Hadot revisite les cités du sel

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2 Messages de forum

  • bonjour vincent. je suis ton cousin dominique nassau.je suis tombé sur ce site par hasard et bien heureux de t’y trouver.bravo pour tous ce que tu fais. j’ai une question a te poser.as tu des renseignements sur un site gallo romain situé a attilloncourt ? il y a 20 ou 30 ans il y a eut des fouilles et faute de moyens financiers tout a été stoppé. je prospecte actuellement le site mais sans resultats.mais je ne suis pas certain d’etre sur le bon endroit. sais tu quelque chose sur ce village gallo romain trouvé sur les hauteurs de attilloncourt ?

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