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La lettre de Jules Clausse, soldat moyenvicois, fusillé par les Allemands le 12 janvier 1917

mercredi 11 novembre 2009


Lorsqu’éclate la Première Guerre Mondiale, en 1914, notre village s’appelle Medewich et les Moyenvicois doivent alors combattre dans l’armée allemande. Ces "Malgré nous" (nom qu’on leur donnera plus tard), étaient envoyés sur le front russe pour ne pas avoir à se battre contre leurs voisins "Français". Enrolés de force certains refusèrent de se battre et désertèrent pour rejoindre les rangs de l’armée française.

Parmi eux, se trouvait Jules Clausse, né à Moyenvic en 1883, qui fut repris, condamné à mort et fusillé par les Allemands.

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A la veille de la commémoration de l’armistice du 11 novembre 1918, Grain de sel a retrouvé la lettre qu’il avait écrite à sa mère la veille de son exécution :

Prison, 11 janvier 1917.

Chère Mère,

Je t’écris pour la dernière fois, c’est la dernière lettre. J’ai été jugé à mort le 25 octobre 1916 pour avoir quitté mon poste d’observation. Mon recours en grâce à l’Empereur n’a pas été accepté. J’en suis content, mais j’ai beaucoup de peine en pensant que tu vas rester toute seule.

Je suis content de terminer ma pauvre vie. Je suis content d’aller revoir mon ami Charles Lacote qui a eu aussi une triste fin. Ce que je regrette, c’est que j’aurais aimé mourir sur le sol lorrain, notre chère Lorraine.

Si je n’avais pas été condamné à être fusillé, j’aurais eu 15 ans de travaux forcés, mais plutôt mourir cent fois. Je me suis défendu comme j’ai pu à l’audience. J’ai été seul à me défendre. Pas d’interprète. Depuis le 4 septembre à aujourd’hui, 11 janvier, jour de ma sentence, j’ai été aux arrêts.

Je meurs en vrai Lorrain et non en vrai Allemand, Allemand de nom et Lorrain de sang. J’espère que la Société de Saint-Pient* continue son chemin comme elle l’a fait avant la guerre. Que Saint Pient préserve les enfants de la Société de Saint Pient de Moyenvic pour le reste de la guerre.

Au revoir dans l’autre monde.

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La Société Saint-Pient en 1914. Jules Clausse est en haut, le troisième en partant de la gauche.

* La Société de Saint-Pient dont fait allusion Jules Clausse dans sa lettre était la Société de musique qui existait à Moyenvic avant la guerre. Son président était l’abbé Hennequin, curé de Moyenvic. Cette Société s’était rendue plusieurs fois en France et lors d’une de ses sorties, président et membres s’étaient fait photographier en soldats français. Cette vaillante Société était considére comme suspecte par les Allemands, qui voyaient en elle un peu trop d’attachement à la France. En 1914, son président fut arrêté et emmené en captivité en Allemagne.

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