Moyenvic Grain de sel

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La mine de sel du docteur Woerther

vendredi 12 décembre 2008


De nombreux moyenvicois le connaissent bien ; c’est leur médecin de famille. D’autres savent son intérêt pour les arts ; il est président de l’association des Amis du musée de Vic sur Seille. Mais ce mercredi soir, dans la salle du Tribunal de la cité des Evêques, Geoffroy Woerther donnait une conférence sur l’histoire de sa ville. Et plus particulièrement sur une période méconnue de l’histoire locale, l’exploitation d’une mine de sel gemme, au début du XIXè siècle.

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Geoffroy Woerther, conférencier d’un soir

Extraits d’une conférence

C’est l’intuition d’un habitant de Vic, un certain Pierre Vignon, qui sera le point de départ de cette incroyable aventure. Il était persuadé que le sous-sol de sa commune abritait des couches de sel épaisses et exploitables. Au XIIIe et XVIIIe siècles des hypothèses avaient été émises au sujet des roches souterraines de sel gemme qui devaient alimenter les sources salées assurant, depuis l’Antiquité, la richesse de la région. Sous l’impulsion de ce fameux Vignon, des sondages seront effectués en 1816, 1818 et 1819, dans toute la région. A Vic, bien sûr, mais aussi, à Mulcey, à Maizières, Haboudange, Pettoncourt et jusqu’à Rosières aux Salines. Tous les forages se révèleront fructueux sauf celui de Maizières. A 65 m, on tombait sur les premières couches de sel gemme.

Inédite en France, cette technique a suscité, avant même son commencement de nombreuses polémiques. Trop coûteuse, trop dangeureuse, le projet de Vignon sera très décrié. Il était surtout très mal vu par les propriétaires des Salines de l’Est, qui exploitaient la saumure à Dieuze et Château-Salins et qui voyaient avec cette installation vicoise une concurrence menaçante. Pensez donc, les coûts d’exploitation étaient divisés par 60.

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Jules Levallois, ingénieur des mines.

Il aura fallu la caution scientifique et tout le poids de l’illustre ingénieur des mines Levallois pour que l’Etat se décide à se lancer dans l’aventure.

La concession sera accordée en 1821 à l’entrepreneur Thonnelier associé à notre vicois Pierre Vignon. Des puits seronts creusés jusqu’à 169 mètres de profondeurs laissant apparaître douze couches successives de sel gemme. Situés au sud de Vic sur Seille, de l’autre côté de la route départementale 38, des milliers de tonnes de roches salées seront extraites. Les parois étaient doublées de planches assurant une étanchéité provisoire. L’eau qui parvenait tout de même à percer les murs des cavités était évacuer par des galeries transversales et pompée jusqu’à la surface par des chevaux actionnant un système d’engrenages.

Des mineurs venus d’ Anzins et de Saint-Etienne travailleront à Vic. Armés de pics, de pelles, de pioches, de masses et vêtus de capotes en cuirs, les ouvriers allaient casser et remonter à la surface des centaines de m3 de sel gemme dans des conditions effroyables, par 100 mètres de fond.

Mais le sous-sol trahira rapidement les exploitants de la mine de Vic. En effet de nombreuses infiltrations d’eau salée d’abord puis d’eau douce ensuite allaient inonder les différents puits, les rendant totalement inutilisables. En 1826, c’en était fini de l’exploitation minière du sel à Vic. On ouvrit alors, cette année-là une mine de sel gemme à Dieuze. Cette dernière connut d’ailleurs le même sort que sa voisine vicoise : inondée en 1864 ! D’autres tentatives, à Einville, à Rosières, eurent plus de succés et durèrent plus longtemps (jusqu’au milieu du XXe siècle). Enfin, à Varangéville, le sel gemme est encore extrait du sous-sol lorrain.

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Coupe de la mine de Dieuze

En 1841, le comte de Yumuri racheta la mine de Vic. Son objectif étant de récupérer l’eau salée et de produire du sel par système d’évaporation, comme à Château-Salins, Dieuze ou Moyenvic. Moyenvic, d’ailleurs qui avait cessé de produire du sel depuis 1831 et que le comte de Yumuri acquit à la même époque pour y relancer la production.

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Mine de Vic au moment du rachat par le comte de Yumuri
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Vestiges de la saline de Vic

En 1851, 10 ouvriers travaillaient dans les salines de Vic. 13 ouvriers dans les salines de Moyenvic contre 160 à Dieuze. Les coûts de production étant trop élevés, la saline de Vic ferma quelque temps après. Les puits furent rebouchés. Les bâtiments qui abritaient les poêles démantelés.

Ce n’est qu’un siècle plus tard que l’on se rappela, à Vic, de ce passé minier, lorsqu’en 1974, un agriculteur sentit les roues arrières de son tracteur s’enfoncer dans le sol. Il venait de rouvrir le puits de la mine. Sous l’essieu, un gouffre de 165 mètres et une frayeur...historique !

En 2008, il ne reste plus rien d’une aventure qui restera comme la première expérience d’extraction minière de sel dans notre pays. Plus rien ou presque, car notre medecin-historien, aura fait revivre cette période exaltante l’espace d’une soirée pour le plus grand plaisir d’un auditoire passionné.

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