samedi 24 octobre 2009
Au hasard des promenades dans la campagne mosellane, il arrive parfois que l’on découvre quelques perles architecturales qui méritent que l’on s’y attarde. Reflets d’une époque, témoins d’un passé plus ou moins proche, ils interpellent le passant. Et si, en cherchant un peu, on trouve un lien avec Moyenvic, alors il faut en faire un article pour Grain de sel.
A une vingtaine de kilomètres de notre village, entre les forêts et les cultures, semblant sortie de nulle part se dresse une improbable cité faite d’une multitude de bâtiments de briques rouges serrés les uns contre les autres. Un peu plus loin, juste derrière une petite bosse, apparaît l’usine.
Il y a quelques années, chaque matin, à 6h, une trentaine de Moyenvicois prenait le bus pour cette usine. Créée là, près de Moussey, au hasard d’un repérage aérien, par Thomas Bata, industriel tchèque, en 1931, elle abrita pendant plus de 70 ans les chaînes de fabrication de millions de paires de chaussures.
Ce monsieur Bata, dont la cité ouvrière prit le nom, était un adepte d’une organisation autoritaire et paternaliste. On pourrait l’illustrer par ce slogan : vivre, penser et travailler Bata" Le personnel était recruté localement et formé par l’entreprise. Bata fournissait les logements, l’épicerie, s’occupait des loisirs, organisait les fêtes, publiait ses journaux.
Terrains de sport, gymnase, piscine, écoles, église, médecins tout était siglé Bata.
Aux petits soins pour ses ouvriers, l’entreprise attendait en retour un dévouement total. Pas un mot plus haut que l’autre, pas de revendication, silence total dans les rangs.
Mais le monde merveilleux de monsieur Bata s’est soudain écroulé pour les ouvriers lorsqu’en 2001, la direction décida de fermer l’usine. La belle organisation s’est alors fissurée et la course au profit a fait disparaitre les belles théories de management, l’esprit d’équipe et la grande famille. Les employés dévoués devenaient alors encombrants. En 2005, la liquidation définitive fut prononcée par le tribunal.
De son côté, loin de la campagne mosellane, le groupe Bata est une multinationale très prospère. Site de Bata
Aujourd’hui, une trentaine de personne travaille pour Bata. Sous l’étiquette LPDE (Logistique du Pays Des Etangs) les employés trient les chaussures provenant des usines européennes du groupe et les envoient dans toute la France.
Quelques entreprises se sont installées sur le site de l’ancienne usine :
PAAM industrie fabrique des bottes en caoutchouc
NTS (Nouvelles techniques du spectacle) fabrique les scènes de spectacle
Ecothermie 25G vend des fourneaux et des chaudières de granules
Procal fabrique des cartons
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